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Par Andréa Dicks et Andrew Chunilall
Publié le 8 décembre 2021

Nous sommes à un point de bascule. Le travail précaire, l’abordabilité des logements et l’urgence climatique – tous les secteurs de notre économie sont en transition. La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions particulières pour les jeunes et leur avenir : fermeture d’écoles, annulation de moments marquants, isolement, conséquences sur leur santé mentale, sans oublier les effets à long terme.

Nous avons toutefois des raisons d’être optimistes. Les jeunes expriment leur impatience face aux problèmes de notre temps et aux mesures timides et incomplètes qui ne permettent guère de les résoudre. Ainsi, à la dernière conférence sur le climat, la COP26, des milliers de jeunes sont descendus dans la rue pour manifester leur mécontentement après des décennies d’attente et contre le manque d’actions pour contrer le dérèglement climatique.

C’est l’impatience de cette génération et sa fougue pour trouver de réelles solutions qui nous rendent optimistes pour un avenir juste et équitable. Quant à la philanthropie, elle dispose d’un mécanisme idéal pour soutenir les jeunes : l’investissement dans la jeunesse.

Un programme de bourse visionnaire

Bien avant que la pandémie ne propulse ces sujets de conversations au premier plan, un programme anticipait déjà les enjeux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui : le programme des boursiers de la reine Elizabeth.

L’idée de créer ce programme de bourse est née du désir de souligner de façon significative le jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en 2012, marquant les 60 ans de son règne. Le programme a reçu le généreux soutien de Victor Dahdaleh, un important entrepreneur canadien et philanthrope international qui a fait preuve de clairvoyance et d’imagination en investissant dans des boursiers, des citoyens et des contributeurs partout au monde pour qu’ils puissent, à leur tour, travailler à résoudre les problèmes les plus pressants de notre planète.

Ce qui distingue le programme des boursiers de la reine Elizabeth est la reconnaissance qu’au-delà de l’éducation et de l’apprentissage, ce sont les expériences qui nous forment. En permettant aux étudiants boursiers de sortir de leur communauté, le programme leur offre des expériences marquantes dans le cadre de projets internationaux novateurs conçus par des universités canadiennes. À ce jour, 2 231 boursiers et boursières dans 46 universités canadiennes ont bénéficié du soutien financier du programme, nous offrant un regard intersectionnel, solide et scientifique sur une pléthore de défis, par exemple :

  • l’étude des effets des changements climatiques dans les communautés côtières;
  • la protection des langues autochtones;
  • la décolonisation du savoir par la voie de l’équité des genres;
  • le développement d’outils de dépistage pour la santé mentale maternelle;
  • l’augmentation de la durabilité et l’amélioration de la sécurité alimentaire dans les communautés urbaines.

Qui plus est, les boursiers de la reine Elizabeth ont directement contribué aux connaissances sur la COVID-19 à l’échelle mondiale, ses conséquences sur la santé mentale et autres. Ainsi, ils ont étudié l’effet de la pandémie sur la sécurité alimentaire en Chine, ont développé des indices de bien-être dans de petits états insulaires dans le cadre d’un exercice de préparation aux situations de crise et de pandémie, et se sont penchés sur la COVID-19 et les enjeux liés à l’eau, l’assainissement et l’hygiène au Ghana.

Un boursier a joué un rôle central dans l’évaluation des données sur la COVID19 alors que celles-ci se multipliaient et évoluaient rapidement pendant la crise, permettant de les rendre plus accessibles en temps réel pour les décideurs politiques sur toute la planète.

Investir dans des solutions pour les jeunes, orientées par les jeunes

Des programmes comme les boursiers de la reine Elizabeth complètent d’autres investissements philanthropiques pour et orientés par les jeunes :

  • Avec Youth in Philanthropy (en anglais), la Winnipeg Foundation octroie des fonds aux écoles et prend des décisions philanthropiques en collaboration avec les élèves. Ainsi, le programme offre d’importantes possibilités de réseautage et de développement aux jeunes, met en valeur leurs priorités et leur montre les effets et les défis de la philanthropie.
  • Les demandes présentées au Fonds d’urgence pour l’appui communautaire ont confirmé toute l’ampleur de la pandémie dans la vie des jeunes et leurs besoins particuliers. Ce sont les programmes axés sur l’inclusion et l’apprentissage qui ont été les plus nombreux parmi les services financés. De l’enveloppe totale de 350 millions de dollars créée par le gouvernement du Canada, 39,8 millions de dollars ont été versés à des organismes avec des projets qui s’adressent aux enfants ou aux jeunes.
  • Le Défi communautaire Objectif avenir RBC est une initiative qui invite les jeunes à proposer des solutions à des défis communautaires pressants et leur accorde des fonds pour réaliser ces solutions. Elle a financé des projets portant sur la santé et l’hygiène, la santé mentale, les changements climatiques, l’insécurité alimentaire, le renforcement, le leadership et l’appartenance des personnes LGBTQ2S+, et beaucoup plus. Bon nombre de ces projets ont dû être revus pour tenir compte de problématiques exacerbées par la COVID19.
  • Alliance 2030 est un réseau national constitué d’organisations, d’institutions, de communautés et de jeunes leaders qui se sont engagés à atteindre les 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies d’ici 2030. Alliance 2030, en lien avec le programme des boursiers de la reine Elizabeth, crée des opportunités pour les jeunes leaders afin que ceux-ci puissent s’impliquer, au sein des communautés canadiennes et dans le monde entier, dans la réalisation d’un but commun en partenariat avec un réseau multisectoriel en pleine croissance.

Des attentes différentes

L’avenir des jeunes d’aujourd’hui s’annonce moins prospère sur les plans social et économique que celui de leurs parents et grands-parents. De grandes tendances comme la mondialisation, l’omniprésence de la technologie et les changements démographiques se répercutent dans tous les secteurs. Le modèle capitaliste prévalant jusqu’à maintenant et qui prône la réalisation de profits sans égard pour les enjeux sociaux et écologiques ne pourra plus fonctionner.

En 2015, les Nations Unies ont formulé 17 objectifs mondiaux pour s’attaquer aux plus importants défis de l’humanité d’ici 2030. La même année, au Canada, la Commission de vérité et réconciliation a publié 94 appels à l’action. En 2019, le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues ou assassinées a été publié, accompagné de 231 appels à la justice. Nous sommes confrontés à de nombreux défis, mais nous avons ce qu’il faut pour les relever, et nous devons passer à l’action.

Pour créer un avenir meilleur et prospère, nous avons besoin d’une nouvelle forme de réflexion et de leadership, soit des personnes ayant bénéficié d’une éducation et d’expériences internationales, capables d’appliquer leurs valeurs aux décisions prises au quotidien. Nous avons besoin de leaders avec une bonne compréhension des concepts de culture et d’identité, qui savent diriger des groupes divers et sont prêts à attaquer de front les inégalités, l’iniquité et les changements climatiques. Nous avons besoin de leaders qui voient au-delà de la création de richesse et se demandent comment leurs entreprises et organisations contribuent, ou non, à créer un monde meilleur, et qui passent à l’action.

Continuer à investir dans les leaders de demain

Il y a plusieurs années, des mécènes comme Victor Dahdaleh ont fait preuve d’imagination et ont investi dans un nouveau type de leader. La pandémie nous a montré l’importance et la justesse de leur vision. Grâce à des programmes comme les boursiers de la reine Elizabeth, les leaders dont nous avons besoin émergent partout. Ces jeunes ne sont guère satisfaits de changements graduels et font preuve d’une culture générale qui leur permet de chercher et de développer des solutions novatrices et adéquates.

Nous savons que si on leur offre les bonnes conditions, les jeunes sont la clé d’un avenir juste et équitable. Il revient à nous de faire confiance au leadership de la prochaine génération et de continuer à faire des investissements importants et concrets dans la jeunesse.

Source: Fondations communautaires du Canada